Quelque soit la durée de la nuit, le soleil finit toujours par se lever, dit-on. Le jour tant attendu est enfin arrivé. À Washington, le soleil de décembre caresse les façades blanches du siège présidentiel. Le vent léger fait flotter les drapeaux des États-Unis et de quelques pays africains, tandis que les caméras du monde entier scrutent chaque détail. Ce jeudi 4 décembre, Tshisekedi et Kagame franchissent ensemble les portes de la Maison Blanche pour entériner un accord de paix qui va changer le destin de l’Est de la République démocratique du Congo.
Sous le regard du président américain Donald Trump, les deux chefs d’État s’apprêtent à sceller un accord historique, après des décennies de guerre et de souffrance.
Dans les rues de Goma, Bukavu et Rutshuru, et d’autres localités occupés par les rebelles de l’AFC/M23, soutenus par le Rwanda, loin de la capitale américaine, les habitants vont suivre cet evenement avec espoir et émotion. Certains éclateraient de joie, d’autres retendraient leurs larmes.
Les familles rassemblées autour de radios, télévisions et de téléphones portables retiennent leur souffle, imaginant enfin un avenir où les coups de feu et les déplacements forcés ne seraient plus le quotidien.
Des dizaines de milliers de Congolais, à travers le monde, regardent en même temps vers Washington, comme si un fil invisible les reliait à la Maison Blanche.
À 11 h, heure de Washington, soit 17 h à Kinshasa, la cérémonie commence. Les Présidents de quelques pays notamment ceux de l’Angola, du Burundi, du Kenya, du Togo, de l’Ouganda, ainsi que les représentants du Qatar, des Émirats arabes unis et le président de l’Union africaine y prendront part.
Les drapeaux flottent doucement dans le vent hivernal, tandis que les caméras du monde entier captent chaque geste, chaque sourire, chaque poignée de main. Donald Trump reçoit tour à tour Tshisekedi et Kagame pour des entretiens trilatéraux qui préfigurent les nouvelles relations de coopération entre les deux nations.
Un accord ambitieux et structurant
Signé le 27 juin par les ministres des Affaires Etrangères de la RDC et du Rwanda, l’accord qui va être entériné est dense et ambitieux. Il engage la RDC et le Rwanda à respecter mutuellement leur souveraineté et leur intégrité territoriale, à mettre fin aux hostilités et à neutraliser les groupes armés non étatiques, notamment les FDLR. Il prévoit le désarmement et l’intégration conditionnelle des ex-combattants via le programme P-DDRCS et jette les bases d’une coopération économique régionale, incluant l’énergie hydroélectrique, les minerais critiques et la gestion du lac Kivu. Le Rwanda s’engage à lever ses mesures défensives à la frontière et à cesser les opérations transfrontalières, tandis que la RDC devra empêcher toute activité hostile depuis son territoire.
Mais au-delà de la sécurité, l’accord porte une promesse humaine : faciliter le retour volontaire des réfugiés et des déplacés internes, garantir un accès humanitaire sans entrave et créer un état-major conjoint de coordination sécuritaire, soutenu par des observateurs internationaux.
Dans les semaines et mois à venir, un Comité de surveillance conjoint veillera à l’application de l’accord. Les différends seront d’abord réglés à l’amiable, et la médiation internationale pourra intervenir si nécessaire.
Pas de brassage ni mixage dans l’armée congolaise
Lors d’un briefing conjoint avec le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, Tina Salama, porte-parole du Chef de l’État congolais, a précisé qu’il « n’y aurait ni brassage ni mixage collectif des forces. Toute intégration sera examinée au cas par cas et soumise à des conditions strictes »
Contexte sécuritaire encore fragile sur le terrain
L’entérinement de l’accord de paix entre Kinshasa et Kigali intervient dans un contexte marqué par des affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles de l’AFC/M23. Mardi dernier, les FARDC ont accusé ces rebelles, soutenus par le Rwanda, d’avoir lancé des attaques simultanées à Kaziba, Katogota et Lubarika, faisant « plus de 20 morts parmi les civils », selon la société civile locale, citée par le Dr. Denis Mukwege.
Enock Mwaka







