Les avancées diplomatiques pour le retour de la paix à l’Est de la RDC se heurtent à la réalité sanglante du terrain. Alors que le Rwanda maintient sa présence militaire et que les groupes armés intensifient leurs attaques, le Dr. Denis Mukwege alerte sur les limites des accords de Doha et de Washington, dénonçant leur priorité aux « intérêts économiques plutôt qu’à la paix». Le Prix Nobel de la paix propose des stratégies concrètes pour maîtriser Kagame et rétablir la sécurité dans la région.
Concrètement, il suggère d’inclure pleinement les populations locales dans toutes les initiatives de paix, de reconnaitre la dimension régionale du conflit et de mettre en avant une approche basée sur la vérité, la justice et la responsabilité.
Pour Mukwege, l’adoption de sanctions fortes de la communauté internationale pour garantir le retrait des forces étrangères et le démantèlement des administrations parallèles illégitimes, conformément à la résolution 2773 du Conseil de Sécurité des Nations Unies est une condition sine qua non pour le retour de la paix dans l’Est du Congo.
Selon lui, les accords de Doha et de Washington ne répondent pas aux causes profondes du conflit. « Ils privilégient les intérêts économiques au détriment des droits humains et de la paix », dénonce-t-il.
Le candidat malheureux à la présidentielle de 2023 affirme que ces discussions menées dans les capitales étrangères souffriraient d’un « déficit majeur de transparence et d’inclusion ». « Ils [ ces processus] sont bilatéraux alors que la crise est régionale, opaques pour un peuple fatigué des manœuvres de l’ombre, et contraires au droit international », indique -t-il.
Dans une déclaration datée du 25 novembre, le médecin de Panzi tire la sonette d’alarme sur la situation qui prévaut dans les provinces sous occupations de rebelles qui, selon lui, « s’apparente à une annexion de fait. »
Il accuse le Rwanda d’exercer « une autorité illégale sur des zones congolaises, en violation de la Charte des Nations Unies, du principe de souveraineté territoriale et du droit des peuples à disposer de leurs richesses naturelles (Résolution 1803 (XVII). »
Selon Mukwege, Kigali instrumentalise « la présence résiduelle des FDLR, des ressortissants rwandais, pour asseoir son contrôle sur les ressources minières.»
« Tant que les intérêts économiques primeront sur les droits humains, aucune paix véritable ne pourra s’installer », prévient-il.
L’opposant appelle enfin les Congolaises et les Congolais à ne plus être « la variable d’ajustement de rivalités géopolitiques » et à réclamer leurs droits.
« Il est temps de recouvrer notre dignité et de prendre en main notre destin », insiste-t-il avant de préciser qu’« aucun agenda politique, qu’il soit national ou géostratégique, ne peut primer sur le droit du peuple congolais à la sécurité, à la justice et à la souveraineté.»
Enock mwaka







