Est de la RDC : Mukwege appelle à des sanctions « fortes et coordonnées » contre le Rwanda après la chute d’Uvira

Malgré la signature de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda, la situation sécuritaire continue de se détériorer dans l’Est du Congo. Après la prise de la ville stratégique d’Uvira par la coalition AFC-M23/RDF, le Dr Denis Mukwege hausse le ton. Il appelle
les Nations Unies, l’Union africaine, l’Union européenne et tous les États fidèles au respect de l’État à adopter urgemment des sanctions « fortes et coordonnées » contre le régime de Kigali
.

Par ailleurs, le prix Nobel de la paix se dit « stupéfait » par la position de la Commission de l’Union africaine, qui a appelé à la retenue face à l’escalade des tensions dans la région des Grands Lacs, sans, selon lui, nommer clairement le régime de Kigali comme responsable.

« L’Union africaine et les chefs d’État africains ne peuvent plus tolérer que des Africains soient massacrés par d’autres Africains pour satisfaire des intérêts économiques globaux sans réagir. Ne retombons pas dans l’abomination de la traite négrière. Nous avons déjà payé le prix fort de l’esclavage et de la colonisation », a-t-il indiqué.

Dans un communiqué officiel, Mukwege exhorte l’organisation continentale à reconnaître officiellement le Rwanda comme État agresseur.

Selon lui, le silence et l’inaction face aux crimes de masse perpétrés dans l’Est la RDC ne sont plus acceptables.

« Le monde ne peut plus continuer à fermer les yeux et à rester silencieux face à la défiance systémique du régime de Kigali au regard des principes de base du droit international et des droits humains », a-t-il souligné.

Pour le prix Nobel de la paix, « il est temps que les leaders africains montrent l’exemple plutôt que de protéger ceux qui abusent de leur pouvoir avec arrogance, commettent les crimes les plus graves en totale impunité, prennent leur peuple en otage dans un climat de peur et menacent la paix et la sécurité régionales et internationales sans subir l’opprobre de leurs pairs ».

Mukwege appelle les Nations unies, l’Union africaine et les partenaires occidentaux à traduire leurs condamnations en actes concrets, notamment par des sanctions ciblées et la suspension de l’aide internationale au Rwanda.

« Ce mécanisme de sanctions doit être accompagné de mesures de suspension de l’aide internationale et d’un calendrier pour garantir sans plus tarder une mise en œuvre effective des prescrits de la résolution 2773 du Conseil de sécurité. Il s’agit du seul langage que comprennent les dictateurs qui, à défaut d’être amenés à rendre des comptes devant la justice nationale ou internationale, seront jugés par le tribunal de l’histoire », a-t-il indiqué.

Cette déclaration intervient alors que la crise sécuritaire secoue la ville d’Uvira, dans le Sud-Kivu. Vendredi, au Conseil de sécurité des Nations Unies, le représentant des États-Unis a fait savoir que Kigali aurait participé « intimement » à la planification et à l’exécution de la guerre, en donnant des instructions militaires et politiques. L’ambassadeur américain a détaillé l’ampleur de l’implication rwandaise, évoquant un soutien logistique, du matériel, de la formation, ainsi qu’un appui en entraînement. Entre 5 000 et 7 000 soldats rwandais combattraient aux côtés du M23, « sans compter une possible augmentation » lors de la nouvelle offensive en cours.

De son côté, le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a dénoncé sans détour ce qu’il qualifie de « violation manifeste des Accords de Washington » par le Rwanda.

Selon lui, ces engagements doivent être respectés impérativement. « Les États-Unis prendront des mesures pour s’assurer que les promesses faites par Donald Trump soient tenues », a-t-il assuré.

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