Les zones de santé de Minembwe, Itombwe et des Hauts Plateaux dans la province du Nord-Kivu connaissent une crise humanitaire d’une gravité exceptionnelle. Des lots de médicaments destinés à approvisionner les structures de santé dans ces zones de santé ont été bloqués en juin 2025 à Mulima (45 km au nord de Fizi centre) pendant environ deux mois, selon un communiqué de la mission du Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA).
La même source renseigne que plusieurs structures sanitaires font face à une rupture prolongée de médicaments et d’intrants médicaux, aggravée par l’impossibilité d’acheminer des stocks depuis les centres logistiques régionaux.
À l’Hôpital Général de Référence de Minembwe, les données communiquées font état d’un taux de mortalité alarmant : entre juillet et septembre 2025, plus de 60 % des décès enregistrés concernaient des enfants (25 décès sur 40). La létalité parmi les cas de malnutrition aiguë sévère atteint 29 %, avec 16 décès sur 55 enfants admis.
En août 2025, lors d’une mission d’accès à Point Zéro, OCHA rapporte que des acteurs armés ont réaffirmé leur refus de tout accès humanitaire. Les analyses de sévérité de l’accès menées par l’agence onusienne au deuxième et troisième trimestre 2025 classent désormais les zones de santé de Minembwe, Itombwe et des Hauts Plateaux comme extrêmement difficiles d’accès, voire presque totalement inaccessibles.
OCHA rapelle que depuis janvier 2025, la région est le théâtre d’une recrudescence d’affrontements armés, accompagnée d’incidents graves : attaques contre les civils, pillage de structures de santé et destructions de biens essentiels.
Il souligne que depuis mai 2025, l’axe stratégique Fizi–Lusuku–Point Zéro–Mikenge–Minembwe est totalement fermé, contrôlé ou bloqué par des groupes armés, plongeant la région dans un isolement quasi complet.
D’après les estimations de la Commission Mouvement de Population du Sud-Kivu (octobre 2025), près de 172 000 personnes déplacées et retournées se trouvent aujourd’hui enclavées, sans accès aux biens essentiels ni à l’aide humanitaire. Parmi elles, plus de 1 000 ménages déplacés de l’ancien site de Mikenge ont dû fuir une nouvelle fois après les violences de mars 2025 pour se réfugier vers Minembwe.
Flambée des prix et risque aigu d’insécurité alimentaire
Le blocage des routes a également entraîné une explosion des prix des produits de première nécessité. Le kilo de sucre, vendu 5 000 FC en janvier 2025, atteint 30 000 FC en octobre 2025. Le sac de 25 kg de farine de manioc est passé de 15 000 FC à 50 000 FC sur la même période, exposant la population à un risque d’insécurité alimentaire grave.
Des acteurs humanitaires mobilisés mais en attente d’accès sécurisé
Malgré les contraintes, certaines organisations humanitaires, selon OCHA, poursuivent des activités de suivi à distance et ont prépositionné des stocks vitaux à Baraka, Uvira et Bukavu. Une mission d’accès d’urgence combinée à une évaluation rapide multisectorielle est envisagée sur l’axe Uvira–Luvungi–Baraka–Fizi–Minembwe, mais ne pourra être lancée qu’après réception de garanties de sécurité formelles de la part des groupes armés.
Appels urgents aux parties au conflit
OCHA et les organisations humanitaires demandent : (i) a fin des attaques contre les civils et des actes d’intimidation provoquant des déplacements forcés ; (ii) L’ouverture immédiate de couloirs humanitaires sécurisés pour permettre l’acheminement de l’aide et la libre circulation des populations et (iii) La protection du personnel humanitaire et des infrastructures médicales, ainsi que la levée des entraves à la circulation des médicaments et convois sanitaires.
Enock Mwaka







